Étang de Néal à sec... Vidange du barrage de Rophémel
Construite dans les années 1930, la retenue d'eau située à Plouasne dans les Côtes-d’Armor, accuse le poids des ans.
Et le temps est venu de reprendre l’étanchéité du parement pour éviter toute infiltration préjudiciable.
Pour cela, il a fallu vider entièrement le barrage. L’abaissement du niveau d’eau, par paliers, a débuté le 9 avril 2024.
Mi-mai, il est considéré comme à sec, nous avons arpenté le lit du cours d'eau par deux fois en juin.
Dans un cadre très sauvage, située en amont du barrage de Rophémel, sur la commune de Plouasne, cette pièce d’eau de 3 hectares, abrite un hameau, des moulins et des bois immergés où se cachent une population de gardons, carpes, brochets et perches.
Complexe, cette phase d’abaissement a été une opération délicate pour la faune et la flore et a nécessité de nombreux travaux préparatoires pour dégrader au minimum le milieu naturel.
Afin de perturber au minimum la faune et la flore, de nouveaux gîtes ont été créés à proximité pour les mammifères. Les tritons ont été déplacés dans une mare voisine. Pour les poissons, des pêches de "sauvegarde" et de "décompression" ont été lancées début avril afin d'en transférer un maximum vers les plans d’eau voisins. Des campagnes d’alevinage seront réalisées pour empoissonner la retenue à l’issue des travaux. Quant à la littorelle des lacs (une petite plante amphibie, vivace), elle a été terrassée sur une berge.
En l’espace d’un mois, le paysage a drastiquement changé. Une ligne blanche sur les rives rappelle le niveau habituel de l’immense retenue d’eau, seule la Rance a retrouvé son lit originel, bien plus petit, en fond de vallée.
On redécouvre le paysage d’avant 1937, Ce décor change tous les jours, les berges qui étaient nues, sont en train de verdir.
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Le spectacle vaut le détour, la retenue étant bordée d’un chemin de randonnée d’une vingtaine de kilomètres.
Nous découvrons des panoramas inhabituels et avons pu descendre dans la vallée normalement immergée.
Il y a de la vase et des passages où l'on s'enfonce rapidement... Comme toujours "en territoire inconnu", la prudence est de mise.
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Juste avant la confluence entre la Rance et le Néal, un batardeau installé en 1993 a pris un air de cascade.
la Rance coule dans une vallée d'une grande beauté.
Construit dans les années 30, le barrage hydroélectrique a englouti 9 moulins à foulons et à blé.
Le barrage et la vallée sont "site inscrit et protégé" depuis 1945.
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L’eau a toujours été, pour l'homme, une force motrice de grande importance.
Avec la construction du barrage de Rophémel, (appellation du lieu au Moyen-Âge), mis en fonction en 1937, les moulins, pour la plupart arrêtés depuis des années, une ferme et un haut-fourneau, ont été recouverts par les eaux de l'étang de Néal, étendue artificielle de 7 km, formant un "Y" entre la Rance et le Néal.
Au détour de la rive, en direction de Guitté, nous découvrons le moulin de Saint Just, qui était le plus récent des moulins.
Visible sous les eaux, ses ruines ensevelies depuis des années sont apparues, dans un bel état de conservation.
D'après quelques lectures, la précédente vidange de la retenue de Rophémel, remonte à 1998. Selon les riverains, le moulin a peu souffert suite à ses nouvelles 26 années sous l'eau. En revanche, le petit bâtiment situé à côté du moulin s'est dégradé.
Ancien accès au moulin Saint Juste, par Guitté.
Quelques œuvres de "Dame Nature" fossilisées et polies par les eaux...
A Rophémel, la Rance coule dans une vallée profonde aux versants d'une grande beauté.
Il y avait autrefois des moulins à foulons pour le traitement des "berlinges" (tissus de draps inusables) et ensuite des moulins à blé qui fournissaient de la farine pour faire le bon pain de ménage.
Aujourd'hui l'eau de la rivière ne fait plus tourner les moulins mais des turbines de l'usine hydroélectrique.
Dès 1921 des forages furent entrepris pour sonder le sous-sol. les travaux commencèrent en 1929, à 200 mètres environ du moulin d'A-Bas.
Le barrage et son usine furent construits en trois ans par plus de 200 ouvriers. La plus grande partie des ouvriers avaient participé à la construction du barrage de Guerlédan qui venait de s'achever.
Au début des chevaux tiraient des wagonnets sur les rails. Ils furent remplacés par des tracteurs se déplaçant sur ces rails. Arrivèrent enfin des pelleteuses et des transbordeurs. Le constructeur ayant installé des générateurs dans le moulin de Néal, une ligne amena le courant jusqu'au chantier.
Les vannes ont été ouvertes en 1937.
S'appuyant d'un côté sur une falaise rocheuse et d'autre part sur le saillant des vallées de la Rance et du Néal, le barrage est construit "en béton armé à voûtes multiples simples et inclinées à 45°, appuyées sur des contreforts". Ce procédé de construction lui donne cet aspect de légèreté. L'épaisseur des voûtes est à la base de 30 centimètres et au sommet de 20 centimètres. Il y en a 16.
La crête du barrage est à 26 mètres au-dessus du sol, sa largeur est de 126 mètres et la longueur du lac de 7 kilomètres. Le barrage retient au maximum 5 millions de m3.
Sur le site de Rophémel sont rassemblés les trois services d'EDF : production, transport et distribution.
Les travaux consistent à poser une membrane géotextile en PVC sur une structure grillagée drainante, fixée au parement amont du barrage.
Par décret du 17 septembre 1970, la ville de Rennes fut autorisée à puiser au maximum 35 000 m3 par jour, soit 30% des besoins du bassin rennais, moyennant une redevance par m3 pompé. Sur la commune de Plouasne, sont implantées la station de pompage, l'usine de traitement des eaux et la cheminée d'équilibre sur la canalisation qui mène l'eau potable à Villejean, quartier ouest de Rennes.
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