
Les pirogues du Sénégal ...
Le Sénégal dispose de 718 km de côtes avec un espace maritime de 198 000 km2 et un large plateau continental de 196 000 km2. Les côtes sénégalaises furent longtemps classées parmi les plus poissonneuses au monde. La pêche artisanale sous secteur stratégique pour l’économie et la sécurité alimentaire du pays occupe une place prépondérante, en assurant 80% des mises à terre, avec un parc piroguier de 21 000 embarcations utilisées par 70 000 pêcheurs.
La pêche artisanale, mal organisée, accessible à tout le monde et donc pléthorique, est actuellement plongée dans une crise sans précédent dans un contexte de raréfaction du poisson.

Pirogues sur la plage de la mosquée de la Divinité à Dakar

Port de pêche de Mbour au Sud de Dakar, sur la "Petite Côte"
Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal a engagé plusieurs initiatives pour favoriser le développement de la pêche artisanale. Cette politique volontariste de l’État se justifiait par la richesse en poissons des eaux sénégalaises, par la variété des espèces pêchées et par la qualité de la main d’œuvre nationale. Ces incitations ont entraîné un accroissement spectaculaire des captures qui ont progressé de 344% en 15 années...
Le secteur de la pêche est une activité économique essentielle pour le Sénégal. Il contribue pour environ 2% au PIB. Il génère 30% des recettes d’exportation devant le tourisme et les phosphates.
Il génère 600 000 emplois directs et induits dont 94% sont fournis par la pêche artisanale.
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La pêche joue un rôle capital dans l’alimentation des populations1 600 000 à 2 000 000 de personnes sont dépendantes
du secteur.


Pirogues de mer "légères" d'une longueur de 6 à 9 mètres.
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Pirogues de haute mer "lourdes" d'une longueur de 9 à 12 mètres.
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Pirogues monoxyle sérère.
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Les premières descriptions de la pirogue employée dans la pêche côtière au Sénégal ont été faites par J. ARNOUX, A. BLANC et B. DIOP.
Dans sa description de la pêche artisanale de la Petite Cote, A. BLANC, a classifié les pirogues de la manière suivante :

Pirogue de mer des Lébous
Composée d'un corps pris dans un tronc d'arbre en bois léger, prolongé à chaque extrémité par un éperon pouvant atteindre le 1/5 du corps; ils servent de brise-lames en mer et, à terre de balanciers pour le hissage des pirogues sur la plage.

Pirogue de mer des N'Yominkas
Forme abâtardie de la pirogue lébou dont elle a les caractéristiques à l'exception des bordés qui sont plus étroits.



Pirogue de fleuve des N'Yominkas
Creusée dans un tronc de fromager, prolongée de part et d'autre par un éperon très court et très étroit. La pirogue elle-même est très longue, effilée, basse et étroite; elle est surmontée à l'avant d'une plate-forme servant à assurer la stabilité du lanceur d'épervier.
Pirogue monoxyle des Sérères
Creusée dans un tronc d'arbre de fromager ou de cailcédrat (Kahya senegalensis); elle est destinée à la pêche des clupéidés et des mugilidés à l'épervier et à la senne de plage.
Pirogue coupée de Casamance
Creusée dans un tronc d'arbre de cailcédrat. La partie antérieure est terminée en pointe, la partie postérieure est fermée par des planches de sapin recouvertes d'une feuille de métal inoxydable. Elle est utilisée dans la pêche à la crevette avec le filet filtrant.


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La motorisation des pirogues a influencé profondément les dimensions de ces embarcations. On observe la diminution importante en nombre ou la presque disparition des pirogues légères (6 à 9 m de longueur). La pirogue du type dominant est actuellement d'une longueur comprise entre 12 et 16 m avec une capacité de charge allant jusqu'à 2-2,5 tonnes ou davantage.
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Les pirogues de haute mer croisent de nos jours à plusieurs milles des côtes, depuis le Liberia jusqu’au nord du Sénégal.
Armées pour la pêche, elles partent en campagne durant plusieurs semaines avec un équipage d’une douzaine de personnes.
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Pirogues à Saint-Louis du Sénégal
Aux confins de l’océan, du désert et du Sahel, Saint-Louis, première ville fondée par les Européens en Afrique occidentale en 1659, devint la capitale de la colonie française et de l’Afrique Occidentale Française, jusqu’en 1902, puis capitale du Sénégal et de la Mauritanie et resta un comptoir de commerce français important jusqu’en 1957.
Célèbre étape, d’abord des navires européens de la traite, des explorateurs puis de l’Aéropostale (avec Jean Mermoz), la cité conserve d’importants témoignages de son passé prestigieux.
A l’origine, la ville était géographiquement limitée à une île du fleuve Sénégal (largeur moyenne de 300 mètres, longueur de 2 km 300). Ses « pères fondateurs » étaient des marins de Dieppe faisant la traite et la ville fut baptisée ainsi en l’honneur du roi de France, Saint-Louis.
Le comptoir de Saint-Louis du Sénégal devint la première place forte européenne de la côte occidentale de l’Afrique et fut le point de départ des expéditions vers l’intérieur du pays, puis l'entrepôt de la traite vers l’Amérique et l’Europe (gomme, or, ivoire, esclaves, …).
En 1885, l’inauguration de la voie ferrée Dakar – Saint-Louis marque l’apogée commerciale de la ville.

Les photos des pirogues ont été prises à Guet-N’Dar, le quartier des pêcheurs, à l'ouest de Saint Louis, sur la langue de Barbarie qui réunit plus de 4 000 équipages. C’est l’un des ports de pêche les plus importants en Afrique de l’Ouest. Les pirogues accostent directement sur la plage pour décharger. Juste en face se trouve une infrastructure portuaire d'où les camions peuvent charger leur livraison.


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Pirogues de lagune (monoxyles)
Pour la construction de la pirogue, c’est le propriétaire qui choisit son produit en donnant les dimensions (longueur et profondeur). Ces points définis, le charpentier se met au travail. Plusieurs éléments entrent dans la construction d’une pirogue.
Ainsi, pour une pirogue de 8 m de longueur sur 1,20 m de profondeur, un tronc d’arbre (khaye , ditakh ou santang ) sera nécessaire pour la base (la coque). Ensuite, viennent les planches Samba, des pointes (n° 8, 10, 12), enfin des fers de 10 .


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« Bët » signifie « œil » en wolof, mais quand on parle des pirogues, c’est de peinture qu’il s’agit.
Ainsi « Kaay bët suma gal », c’est « Viens peindre ma pirogue ».
Il y a des pirogues qui n’ont pas de dessins, mais avoir une belle pirogue donne de la motivation. La peinture des pirogues est un art particulier. Le propriétaire choisit le nom de la pirogue, et c’est le peintre qui créer les motifs au gré de son inspiration, en choisissant des symboles qui portent chance.



Souvent des cérémonies sont organisées avant de mouiller les pirogues. Elle dépendent des parrains ou marraines qui décident d’offrir un pot à cette occasion et auquel les constructeurs sont conviés. Toutefois ces cérémonies ne sont pas obligatoires.
En revanche, les propriétaires eux, vont s’attacher les services de marabouts pour conjurer le mauvais sort en mer...


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Pirogues sur le sable... Plage de Lompoul, Île de Gorée, Siné Saloum...


Pirogues au mouillage, sur les bolongs du Saloum...


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Pirogue monoplace assemblée et filet
Pirogue de haute mer rentrant au port de Ndangane.


Contrastres...
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Pirogue "séculaire" et cannes de pêche modernes
Pirogue de pêche à la journée.
Aujourd’hui, la pêche artisanale rencontre d’énormes difficultés que l’on peut résumer ainsi :
- rareté des ressources halieutiques ;
- inorganisation des acteurs du sous secteur ;
- insuffisance de quais de pêches aménagés et d’infrastructures de conservation et de conditionnement des produits halieutiques capturés ;
- absence d’encadrement des pécheurs artisanaux, d’écoles et de centres de formation des pêcheurs ;
- obsolescence des moyens et outils dérisoires et inadéquats utilisés par les femmes transformatrices des produits halieutiques qui travaillent encore de façon rudimentaire et non hygiénique ;
- vétusté et l’inadaptation des pirogues de la pêche artisanale.

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Le nombre de pirogues dans les eaux territoriales est trop élevé. L’Etat doit initier une politique de baisse progressive du nombre des embarcations pour rationaliser l’exploitation des ressources halieutiques et rendre la profession de pêcheur artisanal plus rentable.





Tolli Tolli
Vogue ma pirogue.
Tolli Tolli
Vogue dans l’océan.
Sa voile est une palme,
Un balai lui sert de rame.
Tolli, Tolli
Vogue ma pirogue.
J’irai vers la Chine,
L’Amérique latine et Jérusalem.
J’irai partout dans le monde
Où il faut semer la paix.
Vogue ma pirogue,
Tolli, Tolli,
Ma pirogue sans haine,
Ma pirogue sans chaîne,
Où je voudrais voir
Tous les enfants du monde.
Mbaye Gana Kébé (1937-2013)
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Tout être est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, c’est-à-dire de l’enracinement, de l’identité.
Et les êtres errent constamment entre ces deux besoins, en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre… Jusqu’au jour, où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue…
Mythe mélanésien de l’île de Vanuatu
